Les images SPOT ont trouvé dans la cartographie à moyenne échelle (du 1 : 50 000 au 1 : 100 000) une application naturelle. Leur bonne résolution permet la reconnaissance des formes et la  mesure des dimensions des éléments au sol.

     Les cartographes apprécient particulièrement l'aptitude d'un satellite à couvrir instantanément de vastes superficies (environ 4 000 km2 pour une seule image, soit l'équivalent d'un petit département français comme le Vaucluse - ou l'île de La Réunion), même les plus inaccessibles par voie terrestre, et de pouvoir renouveler l'observation à la demande.

    île de La Réunion

      L'imagerie spatiale se présente comme une solution rapide et économique pour accéder d'emblée à une cartographie moderne. Divers pays (Mexique, Bolivie, Macédoine, Zimbabwe, Viêt-nam, etc.) ont ainsi opté pour la cartographie spatiale et l'imagerie SPOT.

     La fine résolution de SPOT a permis la mise au point de nouveaux produits cartographiques : les spatiocartes. Une spatiocarte est une carte dont le fond n'est pas un dessin mais une (ou plusieurs) image obtenue par satellite et corrigée des imperfections dues au mode de prise de vue. Des informations complémentaires, provenant de cartes traditionnelles ou d'autres sources, lui sont ensuite ajoutées.

     Dans sa forme définitive, une spatiocarte comporte également :

           _ sur son pourtour, l'habillage habituel des cartes (coordonnées, échelle, indication du nord...),

           _ diverses surcharges nécessaires à son utilisation (nom des lieux, courbes de niveaux pour la représentation du relief, limites administratives, routes, rivières...).

 Toulon

    Vallée de l'Arve

     Analysé par ordinateur, un couple stéréoscopique fournit l'altitude de chaque point élémentaire de l'image (appelé "pixel"). Le fichier informatique regroupant l'altitude de tous les pixels d'une image, projeté dans un repère cartographique, s'appelle un modèle numérique de terrain (MNT).

Cette connaissance du relief est très utile. Elle permet notamment :

         _de corriger chaque image SPOT;

         _d'obtenir une cartographie en trois dimensions.

Ses applications intéressent notamment :

         _le domaine des télécommunications, afin de trouver les meilleurs emplacements possibles pour les relais d'un futur réseau de radiotéléphone mobile,

         _la prospection pétrolière ou minière, pour avoir la vision globale d'un site et de ses particularités géographiques (failles, érosion...) nécessaire aux études préliminaires,

         _les projets de grands travaux (tracé d'autoroute, de voie de TGV...),

         _la défense pour la préparation de mission et la simulation du survol d'une région par un avion.

         _ de faire la distinction entre les terres cultivées et les terres en friche, entre les zones irriguées et celles qui ne le sont pas ;

         _ de reconnaître la plupart des espèces végétales et de les inventorier.

 Végétation sur le bord de la rive droite du Nil

Déforestation en Amazonie (1986)

Déforestation en Amazonie (1989)

     Calcul de la zone déforestée (en rouge)

     Les pays qui ont pris conscience de la gravité de la situation sont soucieux de gérer au mieux leur domaine forestier : le protéger, mais aussi exploiter rationnellement cette richesse renouvelable.

     Le satellite est un des outils permettant de dresser un état des lieux (élaboration d'une carte thématique des forêts : essences, âge, densité), d'en assurer la surveillance et de renouveler rapidement les informations.

     Les phénomènes en jeu sont complexes, évolutifs, interdépendants et de grande envergure. Leur compréhension et leur maîtrise passent inévitablement par une surveillance globale de la Terre.

     Là encore, le satellite peut jouer un rôle privilégié en tant que collecteur d'informations fiables et régulières sur l'ensemble de la surface terrestre.

     Les satellites SPOT peuvent servir pour dresser l'inventaire de l'occupation des sols, connaître les ressources en eau ou les surfaces irriguées, déterminer l'impact de telle ou telle activité sur l'environnement, surveiller les régions côtières (souvent vulnérables), suivre les conséquences d'accidents industriels, déterminer l'état sanitaire de la végétation, etc.

 Mer d'Aral

     Et les exemples abondent : tracé d'un autoroute ou d'une voie de TGV, extension d'une ville, aménagement d'un parc d'activités ou d'une zone portuaire, adoption d'un plan d'urbanisation, construction d'un pont, d'un oléoduc, d'un barrage, etc.

Barrage de Yacyreta, en Argentine

C'est ainsi que les images SPOT ont été utilisées pour :

• étudier l'implantation de nouvelles infrastructures à Karachi (Pakistan),
• mettre en œuvre un plan d'aménagement à Manille (Philippines),
• contrôler la croissance de Shanghai (Chine),
• valoriser le littoral du Sénégal,
• étudier le contournement autoroutier de villes françaises (Toulouse, Maubeuge, Clermont-Ferrand...), etc.

     L'imagerie spatiale - combinée avec d'autres sources d'informations - permet d'établir des cartes de sensibilité à tel ou tel risque (érosion, incendie, glissement de terrain, crue...), intégrant des facteurs physiques, météorologiques, démographiques, économiques, etc.

 Fleuve Jamuna, Bengladesh

•  le renseignement stratégique

     Le satellite est le seul moyen permettant de réaliser discrètement des images détaillées de n'importe quel lieu du monde. Aucune législation ne s'y oppose. Sans avoir la résolution décimétrique des satellites militaires russes ou américains qui sont capables de discerner un camion ou un avion au sol, les images SPOT ont l'avantage de couvrir de larges zones, ce qui est idéal pour la cartographie. Lors de récents conflits (guerre du Golfe, Somalie, ex-Yougoslavie...), elles ont permis aux préparateurs des missions aériennes d'avoir une vue détaillée du lieu d'intervention. C'est à partir de ce type de considération que la France a décidé, en 1986, la réalisation des satellites militaires Hélios, analogues à SPOT mais de meilleure résolution.

Pétrole en feu au Koweït (1991)

     Ce type d'information peut servir pour les missions humanitaires. Ce fut par exemple le cas en 1992 lorsque les forces armées américaines livrèrent de la nourriture et des médicaments à la Communauté des Etats indépendants (CEI). Il n'existait alors aucun descriptif des vingt-quatre terrains d'aviation concernés par l'opération.

• la lutte contre la drogue

     Bien qu'illicites, le pavot (qui fournit l'opium) et la marijuana sont des cultures comme les autres, détectables depuis l'espace. On sait, par exemple, que le pavot se développe au-dessus de 800 m d'altitude, qu'il est parfois irrigué et, le plus souvent, cultivé dans des lieux difficiles d'accès. La marijuana, elle, nécessite beaucoup d'eau et se trouve la plupart du temps près des voies d'accès indispensables à son transport après la récolte.

A partir de ces considérations générales, la France et la Thaïlande ont entrepris, il y a quelques années, de mettre au point une méthode (s'appuyant sur l'imagerie SPOT) d'identification de parcelles de ces cultures, dans la région thaïlandaise du Triangle d'or (Thaïlande / Laos / Myanmar).

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